le bonnet rouge à Ballainvilliers

samedi 11 décembre

introduction

situation initiale premier assaut exploitation ratée deuxième assaut succès épilogue

Quand vous commencez à raconter une bataille, vous avez fondamentalement le choix entre deux solutions : soit vous racontez de votre point de vue de joueur, soit vous racontez du point de vue des soldats de plomb. La première façon est la plus simple, la deuxième la plus intéressante à lire. Mais c'est aussi celle qui exige les plus d'imagination, surtout si vous voulez que ce soit drôle.

Heureusement, dans mon cas, c'est pareil ! Mais permettez-moi de me présenter : Marcus Emilius Abribus, patricien de bonne famille romaine, et général de plomb. D'après mes papiers, j'officie en 340 avant J.-C. à la tête de ce qu'il est convenu d'appeler une armée de Romains Camille. Camille je connais, même si nous on l'appelle Camillus. J.-C. je ne connais pas. Julius Caserius ? Bon, enfin de toute façon, peu m'importe, je ne le connaîtrai jamais de mon vivant. Oui, oui, vous avez bien lu, de mon vivant. Je suis vivant !!! Mais ça, c'est de la magie noire, qui demande une peinture d'enfer (à ce qu'il parait). Je ne connais pas bien les détail, mais c'est indubitable. Enfin, bon, je ne vais pas m'éterniser là-dessus...

Permettez-moi encore de vous présenter Quintus Sodepus, mon bras droit. Il a la même technique de commandement que moi, sauf que c'est moi le général en chef. On s'entend très bien. Je m'entends très bien aussi avec Brutus Bellastus, qui est un equites, à qui j'ai aussi confié le commandement des triaires. Et puis il y a Palmares le Samnite, qui me donne un coup de main pour défendre ou partir à l'assaut des terrains inégaux. On forme une belle équipe.

Mon but dans la vie, c'est de défendre et agrandir Rome. Rien d'autre. Faut dire, y a pas de femmes chez nous. Alors ça aide à avoir ce genre de philosophie. Alors là quand j'ai appris que je devais défendre Rome contre des Carthaginois, je me suis dit que j'allais pouvoir démontrer mon talent aux dieux. Ah les dieux ! Chez nous, on les côtoie de près, les dieux. Ils n'ont pas notre apparence, quelle que soit celle que les sculpteurs leur donne dans nos temples. Quoi d'étonnant à ça ? Les prêtres qui leur dictent leur modèle n'en n'ont jamais vus, et n'en verront jamais, pour la simple et bonne raison qu'ils ne savent même pas à quoi ressemble un champ de bataille ! Or, c'est là qu'on voit les dieux en action !

Un champ de bataille, c'est quelque chose de plutôt vert (la nuance peut varier considérablement), plat, doux au toucher, et plutôt agréable il faut bien le dire. Là dessus il y a des zones bizarres, qui ont partois une hauteur magique, ou une pente réelle et casse-gueule. C'est assez indescriptible si on ne veut pas y commettre trop de mots; mais ce qui est sûr, c'est que c'est plein d'action. Les nôtres... et celles des dieux ! Les dieux, donc, sont de forme cubique, et on des tâches rondes, sur chacune de leur face, entre une et six, et jamais le même nombre (mais il parait qu'il y a de faux dieux, qui se répèrent justement à ce qu'ils ont des répétitions (il y aurait encore d'autre catégories de faux dieux)). Parfois, les dieux n'ont pas des tâches rondes, mais des dessins, un par face, qui veulent dire la même chose. Ils font un bruit terrible quand ils roulent par terre ou tombe du ciel dans une chute brutale et aveugle. Les dieux les plus terribles sont solitaires, et combattent en duel, et de l'issue de leurs duels dépendent la vie des hommes sur le champ de bataille. L'ordalie du début à la fin de la bataille ! Mais il y a aussi des dieux grégaires, en général par 3 ou 4, qui décident de ce qui sera possible de faire ou pas. Parfois ils s'entendent bien, et on peu plus facilement plus de choses (c'est le cas pour moi, car mes ancêtres sont de bonnes manes bien puissantes), ou alors pas du tout, et c'est pas de la tarte pour faire bouger son armée dans ces cas-là !

Mais revenons à cette bataille.

Situation initiale

J'avais élu d'attendre l'ennemi près de deux immenses collines inégales, où mes alliés Samnites seraient à l'aise. Mais l'ennemi s'est approché plus vite que je ne l'aurai voulu, et c'est eux qui occupaient les collines. Couvertes de Ligures et de Lybiens. Même dans le petit intervalle entre elles, il y a avait des Lybiens. Mais pas des tirailleurs, des lanciers à pieds. Grand bien leur face à eux tous. Ils étaient à ma gauche, et j'avais installé toute mon armée à droite, en face de l'essentiel de leur infanterie... et de leurs chars lourds et de leur peu de cavalerie. Ma cavalerie sur mon extrême droite, moi au centre avec les Samnites à ma gauche près des collines. Sodepus en retrait était chargé de refuser le flanc gauche.

Premier assaut

Il me semblait que nous étions assez bien disposés pour commencer les hostilités. Les Carthaginois se montrant timorés (c'est à dire que leurs dieux ne leur laissaient pas beaucoup d'initiative en fait !), en avançant de façon très modérée, je faisais immédiatement progesser l'ensemble de mon disposifif à leur rencontre pour chercher l'affrontement décisif. Même Sodepus commença à monter, car la cavalerie légère adverse présentait un risque majeur si elle s'engouffrait entre nous et les collines.

À ce moment-là de la bataille, j'étais assez confiant, et content aussi d'être à la bonne place. Devant moi, un petit corps de chars lourds que je ne devrais pas avoir de mal à casser, et à ma gauche, les triaires feraient de même avec son semblable. Ces deux corps là ont pour mission de faire mordre le poisson, pour lui donner envie de s'attaquer à la grosse masse du corps du général en chef adverse. En espérant avoir fait assez de dégats. Là, je suis optimiste, je ne devrais pas souffrir avant de passer aux choses sérieuses. J'en aurai bien plaisanté avec Sodepus, mais celui-ci est beaucoup trop en retrait. Quant à Bellastus, il ne m'entends en général pas avec tous les bruits de sabots et de hénissements qui l'entoure.

J'ordonne quand même un peu de manoeuvre, pour étendre mon corps à gauche, afin de prêter main forte aux Samnites. Ces gens sont courageux, mais il s'agit de vaincre sans perte donc sans péril. Comme l'adversaire ne nous saute pas à la gorge, nous avons le temps de préparer le comité des fêtes.

Sur ma droite, deux escadrons de cavaliers légers trop insistant se font prendre au piège et tailler en pièce par les fantassins de Bellastus. Ce corps carthaginois-là est déjà bien prêt de céder ! Vraiment, les dieux sont avec nous !

À gauche, les choses se précisent, le choc imminent ! Et l'ordre arrive bientôt en effet. Les chars lourds lancent la charge sur mes hastati et mes principes, qui savent comment les recevoir, et ne tardent pas à montrer leur maîtrise du combat à ces barbares, dont l'attaque est bien vite essouflée ! Encore quelques combats et c'en est fini, les chars lourds sont défaits !

Sur la droite, un parti de chars a essayé entretemps de jouer les héros, mais il a fini comme tous les héros. La mort de ces incensés démoralise les chars de droite. Nos pertes sont insignifiantes, la victoire s'annonce belle !!!

Une exploitation ratée

Contenir la joie de ses hommes dans un tel cas est le devoir d'un bon général, surtout quand une solide seconde ligne ennemie se trouve juste derrière les restes des corps détruits. Je n'y ai pas manqué. Palmares non plus. Mais Bellastus, lui, n'a pas su contenir ses hommes, qui après quelques hésitations, se ruent sur la ligne de chars déconfits, mais toujours en ordre. Heureusement, il peut reformer la ligne avant le choc. Mais désormais, c'est la cavalerie qui va devoir les nettoyer à la régulière, au lieu de les prendre de flanc, sans risque. Mille fois hélas, car les chars adverses résistent, d'où perte de temps, et même perte de cavaliers, tant leur général s'est montré héroïque et béni des dieux. Il va falloir le neutraliser, maintenant qu'il est derrière nos lignes, et c'est encore une perte de temps qui s'annonce.

Deuxième assaut

Pendant ce temps, le choc des infanterie se prépare, et ce sont les Carthaginois qui lancent l'attaque, et c'est un long combat qui s'annoncent. Les Triaires arrivent enfin à portée et la contre-attaque romaine s'annonce excellente : ils dépassent les Lybiens, de faible moral, et nous devrions faire un trou ! Mais las ! Les dieux en décident autrement, et c'est finalement une phalange de triaires qui rompt immédiatement, démoralisant du même coup l'aile droite romaine. Plus aucune prise de flanc ne sera possible, et le général chard lourd ennemi n'est toujours pas neutralisé !

Galvanisés et désormais dépassant les Romains à droite, la bande sacrée carthaginoise lance de terribles attaques qui débordent, bousculent et massacrent de nombreux hastati et principes ! J'ordonne aux survivants de reculer, pour éviter de perdre mon corps et l'armée. En même temps, mes leves se préparent à accueillir le général adverse. Ces manoeuvres sont complexes, mais mes hommes les réussissent. Et avec le secours de mes gardes du corps, mes javeliniers parviennent à exterminer ce général et sa garde rapproché. Ouf ! S'ils étaient passés à travers, nous étions cuits sous peu.

Succès contre les Celtes

Pendant ce temps, les Samnites sont montés à l'assaut de la colline, tenue par les Ligures et les Lybiens, et contre le Celtes dans la plaine. Les combats au pied de la colline sont indécis, mais par contre ils réussissent une belle percée contre les Gaulois, qui leur offre les flancs des mercenaires, et permettent de mener des assauts décisifs... sauf que les maudits Celtes résistent, et ils faut combattre longtemps pour détruire chaque colonne. Mais quand la deuxième cède, la situation des Celtes est plus que compromise. Ce n'est plus qu'une question de temps.

Cela prend temps de temps que les autres Samnites ont déjà presque fini de conquérir la colline, malgré une très belle résistance des Ligures.

Cela prend tant de temps, que le recul de l'infanterie lourde romaine ne peut plus avoir lieu (les dieux ne le permettent pas toujours et là c'est le cas) et je viens de réorganiser une ligne de combat, qui devrait contenir la bande sacrée le temps que les Celtes soient achevés. Mes engins anti-éléphants ont fait des merveilles pour les contenir, je dois l'avouer maintenant.

Les Carthaginois continuent leur attaque cependant, mais ils sont désormais débordés à droite et à gauche. Néanmoins, le général en chef carthaginois, de par sa garde, jouit d'un avantage local que je ne peux pas nier, et il commence le dernier round de combat. Et là... et là... catastrophe ! Les dieux nous abandonnent. Les principes qui lui étaient opposés rompent et débandent, entraînant dans leur fuite leur corps et mon armée. La défaîte a réussi à se faufiler à travers les griffes de la victoire !

épilogue

Après une telle issue, je pouvais me faire du mourron. Heureusement que Bellastus avait gros à se faire pardonner, car les equites ont toujours beaucoup d'influence au sénat. Les témoins occulaires du camp ont aidé à ma défense. Certes, j'aurai dû employer Sodepus de façon plus percutante, ça m'aurait fait gagner du temps, ou le déployer dans tout la largeur (si ses psilètes avaient été à la rencontre du général adverse dévastateur, cela m'aurait épargné de l'ordonner aux miens, et m'aurait permi de poursuivre le recul de mes troupes lourdes, me donnant tout le temps d'achever les Celtes sur le flanc. Cela faisait peu et beaucoup de si. Comme le brillant général Sebracus était déjà à la tête d'une autre armée consulaire, on me redonna le commandement, mais en me faisant comprendre qu'il fallait des résultats.

Comme je l'avais bien compris, j'engageai immédiatement de nouveaux sacrificateurs et augures, pour ne plus risquer de tels coups du sort divins. Chat échaudé craint l'eau froide. Quant aux précédents, je les livrais en otage à Palmares, afin qu'il me soit toujours favorable. Il faut choyer ses alliés.